Passons les polémiques et revoyons l’équation à la base. La hausse des prix de l’énergie distribuée profite massivement à la filière des énergies fossiles.

Les raffineurs-distributeurs répercutent directement, et vraisemblablement intégralement, le prix de la matière première dans leur base de coûts et le calcul de leur marge.

C’est là où le bât blesse, semble-t-il !

Est-il légitime pour une industrie de transformation dépendant très directement d’une matière première unique d’appliquer de manière permanente un même taux de marge en cas de croissance exponentielle du prix de la matière première ? Pas sûr !

La valeur ajoutée de l’entreprise est indépendante du prix de la matière première. Devrait-on alors rendre la valeur ajoutée indépendante du cours et donc limiter l’évolution des prix à celui de la matière première, à la hausse ou à la baisse ?

Cela soulève plusieurs questions.

La première question est celle de l’acceptabilité par les marchés financiers. La nécessité de se conformer aux indicateurs de rentabilité usuels de la filière, notamment, impose de réaliser à minima un taux de marge (sur le chiffre d’affaires) constant indépendamment de sa valeur absolue. La concurrence boursière entre les énergéticiens fait douter de la capacité des marchés à modifier leur attachement aux « covenants » en cas de situation exceptionnelle sur le marché des matières premières.

La deuxième, plus fondamentale, est complexe. Quel est pourrait être le cours de référence de la matière première permettant de fixer la marge en valeur à respecter par un raffineur-distributeur ? Il serait extrêmement complexe à fixer pour les matières premières fossiles dont le marché dépend des relations internationales et des conflits et d’une évolution tendancielle vers la raréfaction (et donc un renchérissement structurel).

L’issue possible réside dans le réinvestissement des profits et la valorisation des investissements de reconversion des énergies fossiles. Une issue politique associée à un surcroit d’investissement au bénéfice de la transformation énergétique.

Qu’en pensez-vous ?

Benoit CHARON

Président Xplor France

Président ActivBold